Very Bad Trip Part III – L’heure de la gueule de bois

Maintenant tous bien installées dans leurs vies, les membres du Wolfpack aspirent au calme. Seul Alan pose encore des problèmes, surtout à ses parents, qui n’en peuvent plus de subir son comportement étrange à la maison. Sous l’impulsion de sa mère, de sa soeur et de son beau-frère Doug, une intervention est décidée, réunissant ses meilleurs « amis », Phil et Stu y compris : il faut qu’Alan aille passer quelque temps dans un institut psychiatrique pour prendre conscience de la réalité. Mais encore une fois, rien ne se passera comme prévu..

The Hangover part III

L’un des visuels du film

Une saga en or

The Hangover (Very Bad Trip 1 en VO) nous avait scotché au fauteuil et courbaturé les zygomatiques. Le film, l’une des meilleures comédies de la décennie, était une mécanique de précision qui reposait sur trois piliers : les personnages (et donc les acteurs qui les incarnaient), la structure scénaristique et les dialogues, géniaux, et la mise en scène de Todd Philips, qui parvenait à dynamiser l’ensemble avec un rythme incroyable et qui constituait un parfait écrin aux comiques de situation. Chose difficile, car chaque personnage faisait rire d’une manière différente. Là dessus, se greffaient des éléments qui ont fait que la magie a fonctionné à plein pot : une BO d’enfer, une guest innatendue (Mike Tyson), et surtout un immense effet de surprise à la sortie. Résultat : un succès monumental, presque un demi-milliard de dollars de recette dans le monde. Une suite était immédiatement lancée.

The hangover 1

Souvenirs souvenirs..

Deux ans plus tard, le Wolfpack revenait. La surprise venait cette fois-ci du scénario, un copié-collé, litteralement, du premier, avec Bangkok comme décor en lieu de Las Vegas. La magie ne prenait plus, mais on était content de retrouver le Wolfpack malgré tout, les personnages étant très attachants. Et un succès encore plus important, presque 600 millions de dollars de recette monde.

Forcément, on se retrouve avec un troisième opus, Hollywood n’ayant que rarement craché sur un bon paquet de dollars. La Magie fonctionne-t-elle cette fois-ci?

the hangover 3

Un épisode qui regarde dans le retroviseur

Gueule de bois

Et bien cet épisode, qu’on annonce comme le dernier (on est jamais à l’abri de rien..) a au moins le mérite de troquer le scénario deux fois usé pour une toute nouvelle intrigue. Rassurez-vous, on retrouve toujours les acteurs principaux,ils sont toujours perdus au milieu de situations plus improbables les unes que les autres et l’humour est toujours aussi gras. Mais on s’arrête là.

The Hangover 3

Après le tigre, la Girafe donc..

Car en troquant la structure brillante du premier épisode, et mine de rien toujours un minimum efficace dans le deuxième, Phillips prend le risque de ne se reposer que sur deux jambes : les personnages, et sa mise en scène. Seulement, il ne cherche pas à retravailler ces derniers : il tire les mêmes ficelles, et ça se voit.
Là où le scénario était un moteur surpuissant les deux premiers opus, il est ici le principal point faible. On cherche, comme avant, à nous faire passer d’une situation improbable à une autre en multipliant les rebondissements. Sauf que le bolide ultrapuissant dopé aux roofies laisse place à un tacot qui toussote, tant la mise en place de l’intrigue et les éléments qui la nourrissent sont laborieux. On se précipite dans l’action, et on laisse le volant à Kim Jeong (Leslie Show) en roue libre, plus énervant que drôle, et à Jack Galifianakis, dont, certes, le personnage est celui au potentiel comique le plus élevé. Mais qui fonctionnait jadis en se confrontant à ses camarades Stu et Phil. Ici, ces derniers ne sont que des faire-valoirs, quasi transparents.

the hangover 3

A la fin de ce 3e opus, nous en serons à 4 Mariages et 1 enterrement (true story)

Mal de tête

Phillips essaie de boucher les gouffres de son scénario avec des stratagèmes grossiers. Il essaie de raviver la flamme du premier épisode en invoquant les personnages que l’on a pas revu dans l’aventure Thaïlandaise : Black Doug, la prostituée au sourire ravageur interpretée par Heather Graham, Carlos le bébé, qui a grandit, quelques flash-backs, et , bien sur, Vegas. Mais la magie ne prend plus.

A tel point que même les nouveaux second rôles sont sous exploités. Pourtant, avec John Goodman (l’un des mecs les plus drôles du cinéma quand il est entre de bonnes mains, comme on a pu le voir chez les frères Coen il n’y a pas dix jours) et Melissa McCarthy, l’une des actrices de Mes Meilleures Amies, hilarante d’habitude, ne fonctionnent qu’à moitié.

The Hangover 3

Rassurez-vous, on ne verra quasiment pas Doug dans cette épisode, au moins cela reste une constante

Au final un film décevant, moins drôle, mois rythmé, moins bien écrit que les deux épisodes précédents. On se désole en constatant qu’Hollywood continue de prendre des recettes qui ont fonctionné en les usant jusqu’à la corde. On est content de revoir Stu, Phil, Alan et tous les autres, mais on sent que la vraie gueule de bois est passée par là. Obligé de centrer son récit sur Alan, le personnage le plus imprévisible, Todd Phillips n’arrive pas à relancer la machine. C’est très frustrant, car on sent que l’envie est là.

A ce titre, restez assis lorsque le générique démarre, car vous assisterez au seul véritable exploit du film : donner envie au spectateur de voir un film dont cet epilogue serait l’introduction. Comme lorsque l’on a vécu une soirée d’anthologie qui n’était pas prévue, et que l’on essaye de recréer les conditions de cette fête le week end suivant. Comme dans la vraie vie, ça ne marche que rarement.

Very Bad Trip – Part III
De Todd Philips
Avec Bradley Cooper, Zach Galifianakis, Ed Helms, Kim Jeong, Heather Graham, John Goodman
Sur les écrans depuis le 29 Mai 2013
Distribué par Warner Bros

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